P-au-P, 14 mai 2019 [AlterPresse] --- Une campagne de sensibilisation, sur la loi portant déclaration de patrimoine, se tient, du mardi 14 mai au dimanche 30 juin 2019.
Objectif : sensibiliser toutes les couches de la société sur l’obligation, pour les agents publics, notamment les élus (président, sénateurs, députés...), les grands commis de l’Etat (premiers ministre, ministres...) de déclarer leur patrimoine, en entrant en fonction et après avoir laissé leurs postes, pour prévenir tout enrichissement illicite dans l’administration publique.
Ayant pour thème « déclaration de patrimoine : un engagement citoyen », cette campagne concerne les dix départements géographiques en Haïti.
C’est ce qu’a indiqué Marie Yolène Gilles, directrice exécutive de la Fjkl, lors du lancement de cette campagne, ce mardi 14 mai 2019, auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Dans le cadre de la lutte contre la corruption dans l’administration publique, les citoyennes et citoyens doivent être vigilants sur l’existence de cette loi, exhorte la Fjkl.
Une grande majorité de personnalités publiques, astreintes à l’obligation de déclarer leurs biens et avoirs, n’ont pas respecté cette loi, publiée le 20 février 2008 dans le journal officiel « Le Moniteur », a fait savoir, pour sa part, Me Samuel Madistin, président de la Fjkl.
« 2 anciens présidents n’ont pas fait de déclaration après leur départ du pouvoir, 93% des sénateurs de la république n’ont pas fait leur déclaration de patrimoine avant de rentrer en fonction et 97% parmi eux ne l’ont pas fait après leur mandat », dénonce la Fjkl.
81% des députés n’ont pas fait leur déclaration de patrimoine avant d’entrer en fonction et 93% d’entre eux ne l’ont pas fait après leur mandat.
En revanche, 100% des fonctionnaires de l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc) et de la Cour de cassation ont respecté cette mesure établie, applaudit Me Samuel Madistin.
D’après cette loi, les personnalités politiques, fonctionnaires de l’État et les agents publics, y compris des personnes liées, doivent aussi effectuer la déclaration de patrimoine sur tous les biens matériels, immatériels et intellectuels de valeur, qu’ils possèdent.
Au cas où la déclaration de patrimoine est fausse ou inexacte, la personne concernée sera condamnée de 3 à 15 années d’emprisonnement, prévient l’avocat.
Cette loi continue d’être systématiquement violée par presque toutes les personnalités et agents publics, dix ans après sa promulgation, en l’année 2008, a fustigé, dans un communiqué, la Fjkl, jugeant cette pratique « inacceptable ».
La Fjkl interpelle également chaque citoyenne, chaque citoyen, chaque groupe organisé, les professionnelles et professionnels, les associations de jeunes à exercer la pression nécessaire sur les pouvoirs publics, afin de modifier cette pratique de non déclaration de patrimoine ou de refus de déclarer son patrimoine, susceptible d’encourager les enrichissements illicites, la corruption dans tous ses aspects et l’impunité.
À travers la campagne nationale portant déclaration de patrimoine, la Fjkl « vise à contribuer à la transparence et à la moralisation de la vie publique en Haïti, en menant une opération de sensibilisation médiatique, assortie d’un plaidoyer pour une application rigoureuse de la loi sur la déclaration de patrimoine ».
Depuis plusieurs années, la Fondation héritage pour Haïti (Lfhh), une branche de Transparency international, ne cesse point d’appeler les agents publics à observer cette exigence institutionnelle, en vue de contribuer à une meilleure transparence et une meilleure gestion dans l’administration publique, sur le territoire national dans la république caribéeenne. [mj emb rc apr 14/05/2019 16:35]
Sources:http://www.alterpresse.org/spip.php?article24318#.XNt8g45KhPa